Dans l’obscurité d’une salle parisienne, j’ai savouré les deux films de Marek Halter: Tsedek ou Les justes pendant la Shoah.
J’ai découvert les visages et les langues diverses de tous ceux qui ont, à un moment donné, décidé de faire quelque chose, de tendre la main à celui qui fuyait, avant que la mort ne le rattrape.
Polonais, serbe, anglais, allemand, italien, hébreu, turc, français, hollandais, suédois… Toutes ces langues qui ont essayé de sauver, parfois au péril de leur vie.
Tous ces yeux qui brillaient, toutes ces larmes retenues, encore 50 ans après, à la question éternelle »Pourquoi avez-vous pris le risque ? Comment avez-vous fait? Pourquoi les autres n’ont-ils rien fait ? »
Tous ces silences et même ce refus catégorique »je préfère ne pas parler des autres ».
Chaque vie compte.
J’ai entendu hier les astuces, les cachettes, les réseaux pour sauver ces centaines de milliers qui devaient vivre.
J’ai mesuré hier les dépassements de peur quotidiens pour en sauver juste »un de plus ».
J’ai écouté »tu aimeras ton prochain comme toi-même » qui n’a pas la même saveur dans la langue de celui qui a fait quelque chose, qui est allé même plus loin, en priorisant la vie d’un inconnu traqué, à sa propre vie..
Mes larmes se sont unies à toutes ces larmes de ces justes qui regrettent juste de ne pas avoir sauvé plus de vies. Qui se demandent aujourd’hui comment ils auraient pu faire plus. 😭
Toutes ces personnes qui sont rentrés dans Son héritage en tentant quelque chose, parfois visiblement, parfois invisiblement.
Hier soir, Marek Halter m’a rappelé que l’Homme était bon, même si ça ne se voit pas tout de suite.
Que les bons samaritains existaient toujours, qu’ils s’arrêtaient encore, pour ramasser, panser, nourrir, prendre soin. Qu’ils ouvraient encore leurs portes.
Que la confession religieuse n’avait aucun impact quand la conscience et le coeur travaillaient à l’unisson.
Marek Halter a récolté le témoignage de ceux qui ont changé l’Histoire, qui ont sauvé les générations à venir, pour que notre trace sur cette terre ne disparaisse pas.
Merci. P. F.